mercredi 25 février 2009

Le rythme peu à peu

 

Le rythme de la formation commence à prendre le dessus. Passés les premiers jours d'adaptation, je me jette à présent dans la conception et la mise en place des contenus pédagogiques avec les autres professeurs. C'est essentiellement avec Fiona et Walâya que je travaille puisque nous représentons le pôle « français » de l'association.

Je dois admettre que c'est aussi la partie de la formation qui demande le plus de temps puisque les cours d'informatique ne me demandent pour le moment que peu de travail en amont, si ce n'est de produire des textes témoins sur ordinateur la veille des cours. En ce qui concerne le cours de gestion de projets, nous ne sommes pas encore parfaitement avancés et ce n'est qu'au fur et à mesure que les tâches se mettront en place avec les différents groupes. Je m'occupe pour ma part d'un projet concernant l'éducation. Voilà qui est dit, sans pour autant avoir défriché ce que cela engage comme démarches par la suite tant cela reste vague pour tous les étudiants. Notre rôle n'est pas de leur faire le travail mais seulement de les guider, les accompagner dans leurs recherches et la mise en place de leur projet. Nous devons donc nous restreindre à leur vitesse, tout en les poussant vers l'avant quelquefois.

Quant à l'anglais, je devais, en principe, donné mon premier cours jeudi prochain mais il semblerait qu'il soit annulé pour cause de cérémonie d'ouverture de notre session. Cela fait pourtant un mois que cela a commencé, que nos effectifs sont au complet mais peu importe, les autorités locales, et surtout l'Apecsy (Association pour la promotion économique, culturelle et sociale de Yoff) a décidé cette nouvelle tentative. En effet, ce n'est pas la première fois que cela arrive. Les trois premières fois que la cérémonie aurait dû avoir lieu, il y a toujours eu un décès ou une autre raison qui a servi de repoussoir. Notre association aurait même dû rencontrer les autorités religieuses de la ville avant de débuter la session mais cela a été annulé, toujours pour des raisons diverses et variées. Si nous nous étions laissés freiner, nous n'aurions toujours pas commencer notre session et bien que nous ne soyons jamais la cause de ces reports, on nous reproche aujourd'hui d'avoir entamer notre programme avant les cérémonies.

Je rappelle qu'ici un rendez-vous n'est jamais vraiment un rendez-vous, que les heures dites ne sont jamais véritables et qu'on promet beaucoup de choses qui n'arrivent jamais, ou bien trop tard. Ce n'est pas qu'une question de patience, c'est simplement ne autre façon de travailler, une autre mentalité, devrais-je dire, devant le travail. Pour faire un peu d'humour noir, je dirai que nous autres, occidentaux, ne parvenons pas à assimiler l'idée d'attendre un mois que les gens arrêtent de mourir pour commencer , inch'allah, notre mission...


Pour préparer tous ces cours, nous travaillons essentiellement sur ordinateur. Loin de la vie africaine que je pouvais imaginer et loin des briefs d'avant le départ aux réunions de l'association. Tout devait être très dur et demandant une adaptation de tous les instants. On n'aurait pas d'eau, pas d'électricité, presque rien à manger. On nous promettait l'enfer. A présent, je contemple tranquillement notre condition d'expatriés, bien loin des soucis des familles africaines autour de nous. Notre appartement est grand, lumineux et propre. Nous travaillons de la même manière qu'en France dans les phases de préparation de cours. Je fais du basket et du jogging sur la plage tous les jours. J'ai un accès internet assez aisé et gratuit au siège de l'Apecsy. L'enfer...

Certes, l'eau est froide mais elle est courante et potable. Oui, les canalisations et les robinets éclatent fréquemment et notre eau de vaisselle se retrouve dans la douche de Khaba, notre voisin mais celui-ci consent à nous prêter une télévision superflue. Il est vrai que nous avons perdus le goût des choses sucrées et des produits laitiers mais en contrepartie nous disposons d'une cuisinière ! Nous vivons en vérité comme des Français en Afrique. Une vie en version confort grand luxe.

Le seul problème qui nous menaçait tous ici était le survoltage, déjà fatal au portable de Walâya, mais nous pensons l'avoir résolu en nous équipant d'un régulateur de tension électrique. Que demander de plus ? J'ai même désormais un numéro de téléphone sénégalais qui me permet d'être joint ici et surtout d'envoyer des messages quotidien à Johanna en France. Royal.


Après la pause du week-end, Awa est heureuse de reprendre ses cours d'alphabétisation. Elle est toujours aussi douée et motivée que s'en est impressionnant. Elle lit désormais des mots comme « Toubab » qui la font rire dès qu'elle parvient à comprendre ce qu'elle lit. C'est alors un rayon de lumière qu'on peut lire, à notre tour, dans ses yeux. C'est vraiment un sentiment très fort que je ressens à chaque fois qu'elle parviens à assimiler de nouvelles lettres ou de nouvelle syllabes. A ce niveau d'instruction, les efforts se mesurent quotidiennement, de manière quasi palpable. Je continue à lui donner des devoirs tous les soirs et je suis ravi de voir qu'elle ne perd rien des leçons que je lui donne d'un jour sur l'autre.


Nous sommes mardi soir à l'appartement. Je rentre tout juste de chez la famille de Khaba où je suis allé voir le match Lyon-Barcelone en ligue des champions. Notre salon est le lieu d'un débat sur la religion et la drogue, agrémenté à la sauce politique avec écoute d'enregistrement sonore à l'appui, le tout arbitré par deux Sénégalais que je ne connais pas. Je n'ai aucun envie de me mêler à ce genre de conversation. Surtout pas ce soir alors que je viens de recevoir un appel de France qui m'a apaisé comme jamais.

J'écourte ma présence et ma part de dîner comme il convient. Je salue tout le monde et me retire. Je me pose dans mon lit et j'écoute de la musique sous ma moustiquaire avant de sombrer dans un sommeil que j'espère profond.

Le Lac Rose

 

Réveil de bonne heure. Nous décollons à huit heures pour la Lac Rose. Autre lieu symbolique s'il en est. Pour moi, le Lac Rose, c'est des images en pagaille d'arrivée du Dakar, tous les ans. Sauf que depuis deux ans, je ne me nourris plus de ces images merveilleuses. Pour combler ce vide, je me devais d'y aller par mes propres moyens.

Le Lac Rose c'est en effet, le lieu de l'arrivée du grand rallye africain. Pour arriver ici, les concurrents doivent franchir une longue langue de sable et de dunes qui sépare le lac de l'océan atlantique. Huit cents mètres de large seulement pour plusieurs kilomètres de long, c'est une merveille de la nature. Et comme tous ces paradis terrestre, il faut le mériter.

Nous voici donc partis pour plus de heures de route dans cinq cars différents pour nous enfoncer un peu dans les terres avant de retourner sur la côte en taxi clandestin, les « clandos » comme on dit ici. C'est long. C'est exténuant. C'est désespérant de désorganisation mais nous arrivons toujours à bon port. Même quand on nous dit que c'est dimanche et que c'est impossible de trouver un taxi, qu'on nous dit que c'est plus l'heure, nous ne mettons rarement plus de cinq minutes à débloquer une situation.

    • Vous avez de la chance ! nous lancent les locaux quand ils nous voient partir finalement.

C'est ainsi, nous avons de la chance. Je ne m'en souciais pas plus que cela à vrai dire. C'est une seconde peau dont je me pare parfaitement. Hier, pour appuyer la démonstration, alors que je courrai, je me suis arrêté pour ramasser un fer à cheval. Histoire de routine. Coup à prendre...


En arrivant au Lac Rose, pour dire la vérité, je crie à la supercherie. Il n'y a rien de rose ici. Quelques reflets à peine. Il faut dire que le ciel est voilé et que le soleil a du mal à percer. Bien vite, nous sommes accostés par des vendeurs à l'affut du moindre blanc qui débarquerait à l'improviste. Car pour ce qui est des tours opérateurs ou des colonies de vacances, nous ne les voyons défiler qu'en 4x4 ou en minibus, au compte goutte, sans jamais faire sortir leurs flots de vacanciers le long du lac. Quant aux taxis, ils sont la cible privilégiée des ambulants. Taxi officiel signifie touristes fortunés. Touristes fortunés signifie argent en perspective pour leur commerce. Et les négociations pot-de-colle commencent.

    • Bonjour ma copine, lance aux filles les vendeuses, sacs de bracelets et colliers en perles sur la tête, comme tu es belle ! Il est très beau ton bracelet !

    • C'est gentil, merci.

    • Tu es Miss France, toi !

La première fois, on se dit que c'est une bonne technique de vente et on rigole. Après deux ou trois vendeuses qui balancent la même phrase, celle-ci perd tout son charme et son intérêt. On en vient à devancer les ambulantes et on s'auto-proclame Miss France à leur arrivée.

Pour les hommes, c'est les « mon ami » qui prennent la tête assez largement. Et comment ça va ? Et la santé ? Et la famille ? Et tout ce qui nous entoure passe en revue avant qu'on en vienne à ce pour quoi ils sont tous là, nous vendre quelque babiole. Au Lac Rose, ce sont beaucoup de cornes de bœuf et de bracelets qui sont proposés aux touristes. L'ivoire étant interdit au commerce, braconnage oblige, les vendeurs insistent sur le fait que leurs cornes sont incassables, même dans les avions. On tente bien aussi de me refourguer un ou deux tableaux de sel et de sable, en vain car j'ai la tête dure.

Le sel, c'est ici la rentrée d'argent numéro un. Les travailleurs viennent du Mali, de Guinée même, pour extraire ce sel coloré du lac. Ils vont s'enliser au milieu du lac jusqu'à mi-poitrine et, à l'aide de grands bâtons pour casser la couche de sel située sous leurs pieds. Ils la remontent ensuite en morceau et la jettent dans leur pirogue. L'embarcation pourrait contenir jusqu'à une tonne de sel. C'est ainsi vingt quatre tonnes par jour de sel qui sont expulsées du Lac Rose.

Si le lac porte ce nom c'est à cause d'une petite algue qui rejettent dans l'eau salée des éléments colorés. Difficile de retenir les termes techniques et les noms savants biologiques mais pour faire simple : plus il y a du sel, plus les algues cracheuses de rose se développent, plus il y a d'algues, plus le taux de salinité augmente. C'est un cercle vicieux qui fait le bonheur de tout le monde, travailleurs et voyageurs.


Le soleil se dévoile peu à peu et nous découvrons bientôt la raison de la renommée du lieu mythique. Une couleur rose, rouge ou violette vient tacheter l'étendue d'eau par zones successives. C'est en fait quand les pêcheurs de sel cassent la croûte au fond du lac que cette couleur s'échappe en une explosion impressionniste. Au-dessus de nous, c'est un ciel moucheté de nuages de coton blanc qui s'ajoute au tableau sénégalais. Tantôt rouge sang, tantôt pluie pourpre, la surface de l'eau vogue au gré du vent également. Il faut donc croire que ma bonne étoile est présente une fois encore puisque toutes les conditions sont réunis pour faire de cette expédition un franc succès.

Sur le trajet de Keur Massar à Niaga, j'ai surpris mon premier baobab africain. Comme cela, au détour d'un champ et derrière une clôture basse. Je m'assoupissais quelque peu quand Walâya me tape sur l'épaule.

    • Regarde là-bas, me fait-elle, en pointant du doit l'arbre emblème de tout un pays.

Elle sait en effet que c'est le premier que je découvre, que c'est une partie importante de ma curiosité qu'elle comble ainsi. Le baobab sénégalais vaut bien les Grande Muraille ou autre Cathédrale Sainte-Basile. C'est un passage obligé dans la vie de tout voyageur qui se respecte et qui respecte son environnement.


Au loin, devant moi, les dunes s'étendent sur une bande de terre large de huit cents mètres et les cinq kilomètres de longueur que mesure le Lac Rose. Derrière les dunes et une forêt dégarnie, la plage immense se jette dans l'océan atlantique. C'est sur cette plage que les moteurs des véhicules du Paris-Dakar crachent leurs dernières forces pour l'arrivée finale.

Sans moteurs, nous refaisons le rallye à l'envers et coupons à travers la pinède, écrasons les dunes et piétinons l'herbe à chameau. Arrivé au bord de l'eau bien avant les autres – je ne parviens pas à me limiter au rythme sénégalais de marche, c'est-à-dire d'une lenteur à se pendre pour un marcheur comme moi – je sens la quiétude du lieu m'envahir doucement. Je grave deux trois mots dans le sable et mes pensées s'en vont loin d'ici. Les pieds chatouillés par l'écume, je réalise ma chance d'être là et de vivre tous ces instants magiques dont j'ai rêvé toute ma vie et que je réalise au quotidien.

Je ne suis pas dupe pour autant. Je sais parfaitement que cette chance, c'est moi qui la prend sans rien attendre jamais trop longtemps. Gourmand à l'extrême, je concrétise mes projets par la simple volonté de le faire. A mi-chemin entre le « ne rêve pas ta vie mais vie tes rêves » et le « ils ignoraient que c'était impossible alors ils l'ont fait » de Marc Twain, je poursuis mes objectifs et écarte un à un les regrets que j'aurais pu avoir en renonçant ici et là. Bien des contraintes sauraient m'empêcher de vivre cette vie nomade, les meilleures raisons du monde pourraient aisément me retenir, mais je maintiens le cap coûte que coûte. Capitaine de mon navire, je ne le quitterai qu'à la fin et pas avant. J'ai trop avancé désormais pour faire un demi-tour incertain.

lundi 23 février 2009

vendredi 21 février

 

Premier week-end au Sénégal. Direction N'gor, le point le plus à l'ouest de tout le continent africain. Si le lieu n'a pas une beauté extraordinaire, on y vient pour le symbole. Comment aller au quatre coins du monde si l'on ne se rend pas sur ces bouts de terre, ces autres finistères ?

Nous nous baladons avec Walâya, Fiona et Antoine de plages en plages. Nous retrouvons des musiciens venus de Guinée qu'ils ont déjà rencontrés. Nous escaladons des monts de rochers pour le panorama. Nous négocions des passages interdits avec des gardiens conciliants. Nous marchons à travers le port et la ville, débarquons à l'improviste chez des gens quand nous avons oublié de tourner, l'entrée dans les cours ou les jardins étant parfois difficile à appréhender. Nous passons d'un quartier pauvre remplis d'enfants jouant dans les rues à un quartier riche remplis de gardiens surveillant des portes. En l'espace de deux minutes, la ville change du tout au tout, c'est assez impressionnant. Certaines maisons, des villas, sont fascisantes. Style néo-colonial avec des grandes colonnes de marbre et d'immenses fenêtres. Côté face, c'est moins rose. Des gamins remuent des ordures et s'encrassent les poumons dans des ruelles où les canalisations ont sautées et peinent à être rétablies.

A seize heures, nous nous posons au bord de la mer et nous optons pour des grillages de poissons, accompagnées de petites salades et sauce à se damner. Le tout pour cinq-cents francs CFA, soit cinq francs français de l'époque, soit encore moins d'un euro aujourd'hui. Vu la taille des poissons, nous ne nous interrogeons pas un instant et profitons de l'instant. Bien sûr, il faut apprécier le poisson. Difficile de faire autrement ici, de même qu'à Yoff ou nous résidons. La viande se fait rare. Quand nous la voyons, en attente de client dans les échoppes à ciel ouvert, offerte aux bourrasques de sables et aux mouches omniprésentes, nous nous disons que le poisson est finalement le meilleur choix possible.

Les foies de veau sont néanmoins très courant ici et Awa nous en a fait à un repas avec du vermicelle. Sans chercher à penser d'où venait cette viande, je me suis régalé. Il faut parfois savoir qu'il est préférable de ne pas savoir. Précisément.


Dans les ruelles de western, je demande aussi les rapaces. Aigles et vautours sont légion ici. Avec une dextérité folle, ils piquent depuis les airs jusqu'au sable pour attraper de leurs serres un morceau de poisson ou une brindille pour combler leur nid. Des oiseaux bleus et verts viennent se mêler au paysage, illuminant de beauté notre marche à N'Gor.

Ici, les spots de surfs sont courant et les cafés de la plage retrouvent leur lot quotidien d'habitués. Sénégalais et Français pour la majorité. Quelques Belges égarés viennent parfois s'aventurer ici pour partager un verre. On trouve de tout ici. Même ce qui n'est pas sur la carte. Certes ce n'est pas la Thaïlande, on ne propose aucune drogue de façon ouverte, mais La Gazelle se répand de manière officiellement non-officielle. La Gazelle c'est un peu une institution ici. Avec la Flag, ce sont les bières africaines que l'on trouve dans tous les bars, boîtes, clubs du pays. Pas besoin de se cacher pour boire ces bières dans un pays musulman à plus de quatre-vingt-dix pour cent. Je pensais que c'était plus difficile que ça, que ce commerce se faisait presque en sous-main. Pas du tout. Tout le monde ferme les yeux et remplit ses poches.

A la tombée du jour, nous reprenons le chemin de Yoff à bord d'un car, lui aussi officiellement non-officiel. Plus petit qu'un Tata où les tickets sont délivrés au passagers, il est surtout beaucoup plus chargé. On se marche dessus. Mais tout le monde a le sourire. On se passe l'argent des autres passagers par-dessus la tête pour que ça arrive jusqu'aux mains du « contrôleur » resté à l'arrière pour rameuter d'autres personnes.

Soudain, la machine bien huilée s'arrête. Ce n'est pas une panne mais un contrôle de police. On s'arrête sur le bas côté. Le chauffeur nous laisse en plan. Ça ne dure pas longtemps mais c'est le lot quotidien des cars plus ou moins légaux. Vérification des licences ou billet à glisser, je n'ai pas encore vu ce qui se tramait exactement à l'arrière du véhicule mais je tenterai bien de jeter un oeil à l'avenir.

Au Sénégal, les arrêts de bus sont aussi fréquent que le fromage. Autant dire si on ne les voit jamais. Alors, pour moi, c'est « station Shell » qui est devenu le nom de code le plus régulier. On annonce facilement le nom d'une boutique ou d'un carrefour au chauffeur, on tape sur la tôle pour indiquer qu'on veut descendre et Inch'Allah...

Sur le chemin du retour, il est coutume de prendre un fataya car le soir nous ne mangeons que très peu. Il n'est pas usuel de manger beaucoup ici au dîner. Des légumes, une salade, des pâtes ou des restes, voilà qui feront l'affaire. Sauf que j'ai toujours très faim le soir en rentrant, personnellement. Comme nous avons reçu beaucoup de visites ces jours-ci, nos portions déjà petites pour quatre ou cinq deviennent ridicules pour sept ou huit. D'où le recours aux fatayas en permanence et pour deux cent cinquante CFA.

Petite soirée posée. Lecture et écriture après avoir salué une dernière fois la présidente de l'association qui retourne en France, un peu triste de nous quitter mais heureuse de voir que tout se passe bien pour nous. Car nous sommes tous épanouis. Pas de brouillard à signaler sur l'horizon de notre aventure sénégalaise. La Téranga nous prend un à un.

jeudi 20 février

 

Klaxon assourdissant. Je suis tiré de mon sommeil par les éboueurs qui ont finalement mis un terme à leur grève dans Yoff. La technique pour vider ses ordures ménagères est parfaitement bien rodée. Dès qu'on entend le camion klaxonner, on attrape les sacs poubelles et on descend quatre à quatre les marches de l'escalier pour jeter, du bas de son immeuble, les ordures dans le véhicule qui ne traîne pas en route. Le tout est d'entendre le klaxon, en théorie. Mais en pratique, l'entendre n'est que formalité. Ce qui est difficile, c'est de se lever et prendre le courage nécessaire avec soi pour s'occuper des poubelles alors qu'on dormait bien sagement dix secondes auparavant. Pas de tour de rôle à ce petit jeu. Il y a juste des courageux et des faibles.

Internet, jogging sur la plage, petit-déjeuner avec toute la collocation. Les habitudes sont vite prises. Les matinées défilent à une vitesse folle. Du moins les matinée à la française. Les matinées sénégalaises durent plutôt jusqu'à quinze heures. Les cours de treize heures à quinze heures sont considérées comme appartenant au matin pour les étudiants d'ici.

Awa avaient d'ailleurs commencé la session en préparant le déjeuner vers quinze heures tous les jours. Les filles ont mis du temps pour lui faire comprendre l'idée, et surtout l'appliquer, qu'il fallait revoir sa copie. A présent, on ne dépasse que rarement les treize heures trente. Et ce n'est pas plus mal.


L'après-midi, cours de gestion de projet. Nous recevons un intervenant qui vient faire part à nos étudiants de ces observations in situ et de toute son expérience de chargé de projet pour une ONG. C'est un Sénégalais, bien entendu. Il nous explique ce qu'il a vécu pour parvenir à implanter des systèmes de collectes des eaux de pluie et d'autres moyens pour donner aux habitants des communautés rurales isolées de quoi s'alimenter en eau sans avoir à envoyer les femmes du villages au puits pour plusieurs heures. Le puits est en effet bien souvent à plusieurs kilomètres du village et l'on y va avec l'âne et une charrette pour transporter les deux cents litres nécessaires à la vie de la famille pour toute la journée. Les familles sont ici démesurées rappelons-le.

L'intervention est vraiment très intéressante. L'orateur se perd parfois dans ces explications car, assure-t-il, c'est un homme du terrain, pas un pédagogue comme nous. Parfois, quelques mots lui échappent en wolof, ce qui fait que je ne suis pas tout ce qu'il dit. Mais il est à ce qu'il fait. Cent pour cent. Et bénévolement comme nous tous, ce qui est encore plus beau. Il y a un véritable engouement autour de notre projet. Tout le monde est fier d'y participer à sa manière. Donner un cours, aider les différents projets, louer des salles, nous fournir du matériel, c'est une chaîne de l'amitié et de la solidarité. Nous ne sommes pas là pour exploiter des jeunes de Yoff mais pour les aider. Et ça se sait.


En revenant de l'immeuble NGS, lieu où nous donnons les cours principaux de la semaine, je m'installe pour écrire un peu dans la chambre. Il est déjà tard. Awa passe alors sa tête dans l'entrebâillement de ma chambre :

    • On ne fait pas mon cour aujourd'hui ? me demande-t-elle.

    • Si bien sûr. J'avais juste complètement oublié. Tu n'es pas restée si tard juste pour ça quand même ?

    • Non ?!

Ce « non » qui veut dire « oui » ou « je ne sais pas », on l'entend dix fois par jour au Sénégal. Le « oui » est encore plus ambigu. Le oui peut tout dire. Il est toujours poli. Il ne faut pas froisser l'interlocuteur. En Chine, je pestais devant la volonté des habitants de ne pas vouloir perdre la face, me répondant n'importe quoi plutôt que d'admettre qu'ils ne savaient pas répondre à mes questions. Ici, c'est tout le contraire. On me répond toujours comme je souhaiterais l'entendre. Et au fond, je crois que c'est encore pire. Les Sénégalais que je fréquente pour l'instant veulent toujours me faire plaisir et, par conséquent, ne prennent jamais de décisions par eux-mêmes. Il y a un manque d'initiative consternant. C'est pourtant simple, par exemple, de dire si l'on a faim ou non, me direz-vous ? Pas ici. Même ça. On ne veut pas vous gêner. On ne veut pas vous embêter. Je ne sais pas ce qu'on cherche à éviter mais du coup on évite tout. Et ça agace à la longue.

Du reste, Awa est extrêmement motivée . Elle avance très vite. Pour moi qui n'avais jamais fait d'alphabétisation à ce niveau, c'est extrêmement enrichissant. Je ne pensais pas que ça pouvait aller aussi vite. Je souhaite de tous mon cœur que nous parviendrons à un résultat concluant avant mon départ.


Le soir, nous partons pour N'gor. C'est là que vit Antoine, le petit-ami de Fiona. Encore un électron libre de la bande que j'apprécie. Je ne suis pas là depuis longtemps et bien que je sache que tout ne sera pas toujours rose entre nous tous, je vis pour le moment au pays des Bisounours. Tout le monde est gentil et tout paraît si simple. Même s'il faut parfois rester ferme pour faire avancer les choses avec les Sénégalais, tout semble couler de source.

N'gor, c'est là pointe du continent. Le bout de la presqu'île du Cap Vert. C'est aussi plus animé que Yoff le soir. Casino, hôtels, restaurants, c'est aussi plus touristique que Yoff village. Ce soir, nous allons voir Souleymane Faye. À en croire certains, il est très réputé et sans doute meilleur sur scène que Cheikh Lô avec des prestations plus acoustiques. Comme je suis fan de ce dernier, je ne me méfie pas du piège et je me prépare à apprécier le concert.

Arrivés dans le bar où il doit se produire, nous ne voyons qu'une dizaine de clients. Inquiétant. Walâya interpelle un serveur.

    • Souleymane Faye joue bien ce soir n'est-ce pas ?

    • Oui, répond le serveur. C'est lui qui anime la soirée.

Nous voilà rassurés. Le concert sera seulement en retard, tout juste comme il le faut ici.

Quelques minutes plus tard, le serveur revient vers Walâya.

    • Vous voulez que je vous présente Souleymane Faye ?

Walâya hésite, tergiverse un instant. Je m'exclame :

    • Bien sûr ! Nous voulons le rencontrer.

    • Je vais le chercher pour vous alors.

Cinq minutes passent et un type en costume, la cinquantaine, arrive à notre table tandis que nous jouons une partie de Uno.

    • Bonsoir. Je suis Souleymane. Ça va bien ?

Je suis bluffé. Le chanteur est très connu au Sénégal et il fait encore la tournée des tables pour saluer son public avant le concert. Plutôt réservé devant nous, se limitant à quelques phrases de politesse sur notre voyage, il part se préparer.

Quelle déception pourtant à entendre sa prestation. Si les parties chantées en wolof sont sympa, l'artiste s'évertue à faire rire son public avec des blagues qu'il traduit en français pour notre table. C'est gentil, mais c'est long. Et c'est pas drôle surtout. Entre deux chansons, il tente aussi de jouer à des énigmes avec le public. Mais pas question de faire gagner un toubab, sa gentillesse à des limites. Ainsi lorsque je suis le premier à trouver la réponse, il feint de ne pas m'avoir entendu pour faire gagner la table voisine qui répète ma réponse. Pire encore, Souleymane Faye se la joue chanteur crooneur avec des reprises en italien. Un massacre. Puis il touche le fond mais creuse encore plus profond en entachant la mémoire de Brel. « Ne me quitte pas » devient « Ne me quitte plus » pour un Sénégalais qui perd à la fois paroles et mélodies. Souleymane Faye est un imposteur. On en rit finalement entre nous mais nous ne comprenons toujours pas comment il peut être si connu et que tant de gens l'affectionne. Sans doute pour ses chansons où il explique qu'à l'âge de dix-huit ans, il a vu sa mère dans le coma depuis quarante-huit heures se faire enterrer, comme le veut l'usage ici, reprendre soudain connaissance. Sans doute pour ses textes sur la liberté des femmes dans son pays. Sans doute...

samedi 21 février 2009

Ambiance

 

Réveil matinal. Un vent sablé et frais pénètre ma chambre. En bas, c'est ruelle de western version désolation. Tous les immeubles sont en chantiers, en travaux permanents. Une histoire de taxe à ne pas payer si l'on fait des modifications chez soi, à ce qu'il paraît. Avec le sable qui déborde des maisons et tournoie par déraison, le quartier a des allures de ville fantôme.

Bou débarque dans la chambre.

    • T'es prêt pour aller courir ?

Comme prévu, il n'est pas huit heures et nous voilà déjà sur la plage à prendre un bon coup de fouet dans l'air vivifiant et salé de la mer. Quelle réjouissance que de se retrouver à courir ainsi, sans penser à rien d'autre qu'à fixer l'horizon. Une brume voilée vient ajouter au mystique de la scène et finit de me faire oublier que je suis au Sénégal.

Le regard des gens, cependant, me ramène à la réalité. Un blanc qui court sur la plage de Yoff, peu touristique à cette époque, les surprend. Tous sportifs et longilignes, les Sénégalais que je croise sont impressionnants. Ils ont vraiment une fière allure. J'ai l'impression que Bou est le seul petit Sénégalais. Plus petit encore que moi qui ne suis pas bien grand, notre duo attire les regards.

C'est en tous cas un moment de calme et de sérénité. Nos discussions parlent de tout et de rien. De la France et du Sénégal, essentiellement. Comment pourrait-il en être autrement alors que j'arrive tout juste ? Ce n'est pourtant pas de différences qu'il est question. Nous racontons chacun des aspects de notre quotidien à la demande de l'autre. Sans chercher à démystifier le rapport à l'étranger. Une réelle complicité, toute de retenue, se noue doucement entre Bou et moi.


Après le petit déjeuner, je m'attèle à l'écriture de mon carnet de voyage. Écriture obligée mais non forcée. Elle est en effet indispensable pour moi. Je ressens ce besoin de tout retranscrire par écrit dès que j'ai un moment libre. Je ne veux rien perdre et n'éprouve pour le moment aucun syndrome stendhalien. Le « trop occupé à vivre pour écrire » sera certainement bientôt de rigueur mais je me soumets pour le moment avec plaisir à cette tâche quotidienne qui me permet de me retrouver avec moi-même. Seul dans ma chambre, la porte donnant accès au balcon perpétuellement ouverte fait onduler ma moustiquaire tout juste fixée. C'est assurément des instants parmi les plus agréables que je vivrais ici à écrire sur mon lit.

Une voix me tire de ma rêverie.

    • Bouuuuu !

Pas de réponse.

    • Bouuuuu !

Cette fois, Bou a entendu l'appel et sort en courant de la salle de bains, demandant ce qu'on lui veut. Mais aucun de nous ne l'a interpellé. La voix, en réalité, était celle d'une chèvre, dans la rue voisine, qui proposait des variantes de son répertoire habituel. Nous explosons tous de rire et charrions Bou. L'affaire de la chèvre qui dit « Bou » nous fera la journée. L'anecdote est aussi croustillante que mémorable.


Après l'excellent « firi » d'hier midi, nous dégustons aujourd'hui un « thiou » qu'Awa nous a concocté. Je l'accompagne de mon premier thé sénégalais au bisap. Un régal. Je me suis aussi essayé à faire mon propre thé ce matin. Moins sucré que celui d'Awa, qui fait plutôt du sucre au thé, ce premier essai est une réussite de l'avis de tous. J'ai même réussi à faire la fameuse mousse nécessaire. Tout est une question de temps, là encore. Pas difficile à faire, c'est plus une question de patience et de dose à respecter selon la grosseur des doigts de celui qui prépare le thé. Pour le thé au Bisap, il suffit d'ajouter des fleurs d'hibiscus dans la théière. La règle du jeu est ensuite la même. Mais le goût n'a plus rien à voir. Je pensais même qu'il s'agissait d'un thé aux fruits rouges avant de connaître la recette. La saveur est vraiment forte en bouche et la couleur rosée chimique ne saurait décourager les amateurs du breuvage.

L'autre spécialité que je goûte dans la journée est le café « touba ». C'est un café noir relevé aux clous de girofle. Très fort. Plus aucun rapport avec le goût du café. L'expérience est à renouveler également.

Je me donne pour objectif d'apprendre le plus possible de recettes locales avant de partir. Awa sera là pour m'aider. Échange de bons procédés. La leçon du jour avec elle en alphabétisation concerne les voyelles françaises. Elle les maîtrise rapidement toutes. Majuscules, minuscules, manuscrites ou dactylographiées, elle les repère sur nos supports de cours, les journaux, les affiches sur les murs. Je suis impressionné aussi par le fait qu'elle n'a rien oublié de la leçon de la veille. Même les dictées de syllabes d'aujourd'hui ne l'effraient pas. C'est vraiment très encourageant.


En cette fin d'après-midi, nous partons avec les filles à Parcelles, une petite ville voisine, retrouver Ibou, le petit-ami de Walâya, en pleine répétition d'un spectacle à base de percussions et de danse Africaine. Les rythmes saccadés des danseuses se désarticulant à chaque mouvement de pied, de bras ou de tête s'accordent en énergie bouillonnante avec le tempo imposé. Des coups de sifflets viennent marquer le temps davantage encore et indiquent les entrées et changements de tableaux.

Je pensais la danse africaine comme une incroyable improvisation permanente, je me trouve face à une chorégraphie des plus strictes, même si la répétition est plus que bon enfant. Les danseurs sont tout aussi impressionnants et ponctuent leur prestation de saltos arrières et autres pirouettes de gymnastes. Bluffant.

Je n'en perds pas un morceau et enregistre même quelques prises avec un enregistreur vocal. Si la qualité sonore n'est pas extraordinaire, le souvenir laissé est au rendez-vous.

A deux pas de la répétition, j'assiste bientôt à un match de basket féminin. Puis le terrain est occupé par des jeunes sénégalais qui ne s'attendaient certainement pas à voir s'incruster un français en claquettes, à la nuit tombante. Tous s'inquiètent de me voir tomber et sont aux petits soins pour le joker de dernière minute. Le terrain est parsemé de trous, presque des nids de poules à ce niveau là, et il est difficile, voire impossible, de dribbler correctement. Malgré cela, les sensations sont au rendez-vous et l'ambiance se détend vite entre Français et Sénégalais. On joue même un long moment avant qu'on ne voit vraiment plus rien et que les autres viennent me chercher pour retourner à l'appartement. En théorie, nous devons nous pressés. Nous nous rendons à Dakar pour voir un concert au Pan'Art.


Deux heures plus tard au moins, après avoir cuisiné, dîné et pris le thé comme il le faut, après même avoir vu danser les filles sur le rythme d'un djembe accaparé par Ibou, que j'accompagne tant bien que mal avec une percu-bidon, nous prenons la direction de la capitale. La soirée doit débuter vers vingt-deux heures au Pan'Art. Arrivant vers vingt-trois heures, nous tombons sur une salle vide. Le concert ne commence finalement qu'après minuit et demi. À la sénégalaise...

Mon premier concert à Dakar sonne très reggae. Les Dii Yoon Reggae de la jeune scène dakaroise sont à l'honneur bien que Martin Chaplin, un peu le maître des lieux aux allures très old school, ne leur volent la vedette à coup de « Jah » et autres « Rastafarai » à répéter à tue-tête. Entre vrais rastas sur scène et faux rastas bourrés qui se trémoussent lamentablement dans la salle en essayant de séduire toutes les blanches de passage à coup de genoux posés au sol et de déclaration éméchées, la soirée a quelque chose de spécial, très décalé. J'en profite pour faire un peu plus la connaissance d'Antoine, le petit-ami de Fiona et de Khaba, celui de Roxane. Je m'installe ainsi toujours un peu plus dans mon quotidien sénégalais, comblant peu à peu le retard que j'ai pris sur les autres, arrivés un mois plus tôt.

Le concert s'achève et nous voilà à la recherche d'un taxi pour Yoff. Lest trois heures d matin sont passées depuis longtemps et je dois me lever tôt pour aller sur internet demain matin. Le temps passe de plus en plus vite ici.

vendredi 20 février 2009

Arrivée à Yoff

 

18 février 2009. 1h45 du matin.

L'A321 de la TAP se pose lourdement sur le tarmac. Des grondements timides font écho aux quelques applaudissements perdus dans la cabine du vol TP 209. L'avion n'est pas encore arrêté que les passagers, Sénégalais pour la plupart, se pressent pour descendre les premiers, enfilent une laine et leur barda sur le dos puis se massent devant les portes de la carlingue.

Surprenant. Ils savent pourtant attendre mieux que moi, du moins sur le papier, habitués qu'ils sont de toujours tout prendre avec patience, certains diraient avec sagesse, dans leur vie de tous les jours. Des vacances en Europe les auraient-ils détournés à ce point de leur nature ? Sont-ils devenus des Parisiens stressés en l'espace d'un week-end ?

Ils sont encore tous agglutinés quand l'avion s'immobilise enfin. Yoff-Dakar. Aéroport international Léopold Sédar Senghor. J'y suis. Je viens de parcourir mon premier Paris-Dakar. Via Lisbonne et en avion, certes. Mais le tracé reste mythique pour tous les voyageurs. Et puis je suis arrivé à Yoff, précisément où je vais résider les trois prochains mois.

Ce village de pêcheurs, je l'ai d'abord découvert sur le net. Puis à travers les mails de mes amis et collègues sur place, venus préparés la mission avant moi. Il y a quelques instants, c'était par la voie des airs que j'en distinguais les lumières. Une ville de nuit a toujours ce je ne sais quoi de magique, de si particulier qu'on ne lui retrouve jamais plus ensuite.

La première image d'une ville, d'un pays, il faut la conserver au fond de soi. Elle n'appartient à nul autre et ne peut être retranscrite sur aucune photo. Les mots, eux-même si puissants, ne peuvent décrire l'émotion ambiguë que l'on ressent à cet instant. C'est un sentiment mêlé de mille autres sentiments qui nous submerge alors qu'on n'y est pas préparé. C'est un premier cliché et la fin de tous les stéréotypes que l'on avait, puisqu'on ne peut pas ne pas en avoir, sur une destination désirée.

Pour moi, c'est la première vision de l'Afrique dite « noire ». Je connaissais assez bien l'Afrique du Nord pour y avoir séjourné à plusieurs reprises, mais c'est mon dépucelage subsaharien. Ça y est, je suis un homme à présent.


Dans le hall de l'aéroport, je remplis rapidement une fiche de renseignements que je tends à un agent de police qui me demande de préciser mon adresse sur place. Il est vrai que je me suis tenu au nom de l'association sur place : Apecsy.

    • Apecsy 1, 2 ou 3, me demande-t-il ?

    • J'en sais rien. 4 ? Je ne sais pas où je vais être logé exactement.

    • Quelqu'un est venu vous chercher ?

    • J'espère, oui.

    • Alors, allez les chercher, me dit-il, sec comme il se doit pour paraître dans son bon droit.

Je fais un rapide tour d'horizon autour des tapis roulants qui crachent déjà quelques bagages : rien de très encourageant, à vrai dire.

Je reviens vers mon agent.

    • Ils ne sont pas là. Mais j'ai mieux !

Là, le gars me regarde étonné. Que vais-je lui sortir pour l'embrouiller alors que manifestement je ne sais pas du tout où je vais dormir ?

Je lui tends alors une carte de professeur et un contrat avec une boîte postale, à Yoff, de l'association en question. Il la regarde et me dit :

    • C'est pas bon du tout ça, pas bon du tout !

Et tout en me disant ça, il tamponne mon passeport d'un logo rouge vif. Je suis accepté sur le territoire. Je ramasse mes papiers et me sauve en vitesse avant que l'agent ne transforme son « non » en un vrai « non » fatal.

Alors que je finis de poser mon sac, fraichement arrivé lui aussi, un chauffeur de taxi m'interpelle. Puis un second. Puis un troisième. A tous, je leur sers mon plus beau « non merci » du toubab déjà blasé avant d'arriver. Ils n'y sont pour rien, c'est vrai. Mais moi non plus pour le coup puisque je vas résider dans la ville de l'aéroport. Bye bye donc la longue commission vers un hôtel de Dakar. Ce sera sans moi.

    • Taxi ? insiste encore un chauffeur qui n'a visiblement pas bien compris que je n'avais besoin de personne.

    • Non merci...

    • Où vas-tu comme ça avec ton sac ? essaie-t-il courageusement.

    • A Yoff. C'est-à-dire ici !

Loin d'être décontenancé, le type se prend la tête entre ses mains et me déclare, catastrophé :

    • Yoff ? Mais c'est très très loin !

Le ridicule ne tue pas, ici non plus. Pire, il aurait été capable de me faire payer la course une fortune comme il arrive quelquefois à le faire avec des touristes à peine débarqués, pas encore au fait de ce genre de procédés et, surtout, pas très vigilants.

On me racontera bientôt l'histoire de cette jeune étudiante venue ici-même et qui déversa 40.000 CFA – 60€ – pour le même genre de course et un coup de téléphone local le premier jour de son arrivée.

Pas très honnêtes, les chauffeurs de taxis, plus ou moins officiels ici, ont bien compris l'enjeu et prennent volontiers leur part du gâteau en profitant de la crédulité de certains occidentaux. Faut-il leur en vouloir pour autant ? Nous dirons simplement que c'est le jeu. Qu'on se fait tous avoir d'une manière ou d'une autre en tant qu'étrangers dans une destination lointaine. Qu'on soit touriste, voyageur, expatrier ou vagabond ne change rien à l'affaire. Comme bien souvent, c'est juste une facette du pays qu'il faut apprendre à gérer, avec le temps, et à laquelle il n'est pas très difficile de faire face finalement.

Toujours est-il que je suis sorti de l'aéroport et que personne n'est venu me chercher. N'ayant pas l'adresse de l'appartement, je m'imagine déjà demandant le chemin de Yoff Village à des passants pris au hasard.

C'est à ce moment que j'entends une voix au loin criant mon prénom.

    • William ! William ! On est ici !

Cette voix, c'est celle de Bou. Une sorte d'administrateur général de l'association sur place. C'est lui qui s'occupe de tout pour rendre notre séjour le plus agréable possible. Il nous aide surtout à faire les premiers pas dans un pays dont on ignore tout et qu'il connaît jusqu'au moindre détail.

Avec lui, Walâya, une très bonne amie avec qui j'ai suivi des études en Sorbonne il y a quelques temps et qui travaille avec moi sur cette mission à Yoff. Elle est ravie de me retrouver si loin de chez nous. Je ne le suis pas moins. Elle m'assure en riant que ce n'est pas elle qui m'a reconnu de loin mais Bou, lui qui ne m'a jamais vu. Je suis entre de bonnes mains, j'en suis convaincu...

Le plus étonnant, me déclarent-ils, c'est que je suis arrivé à l'heure. Chose extrêmement rare au demeurant. Ils s'attendaient à passer la nuit à m'attendre à l'aéroport comme à chaque nouvel arrivage. C'était sans compter sur ma bonne étoile qui m'accompagne partout où je vais depuis tant d'années.


Yoff de nuit. Pas grand chose à en dire pour être sincère. Si l'on excepte le fait que Yoff ne semble pas du tout être un village mais bien une grand ville de la banlieue de Dakar. Je ne suis pas encore dans le coup. Tout défile devant mes yeux endormis. Après une nuit de sommeil, à la lumière du jour, tout aura déjà disparu de toutes façons. Je ne reconnaitrai rien à ces quartiers traversés, emplis d'échoppes closes et de chèvres ambulantes.

Et puis nous arrivons à l'appartement, dans un immeuble de deux étages aux teints clairs. A l'intérieur, la collocation sent bon le squat pour jeunes expatriés. Un tapis jeté au sol en guise de table et deux matelas en mousse servent ici de canapés. Rien d'autre dans cette grande pièce principale aux murs blancs. La fenêtre et la porte donnant sur le balcon sont pour l'instant closes. Deux personnes dorment profondément à cette heure avancée et c'est tout discrètement qu'on souhaite les retrouvailles ou qu'on accueille le nouveau venu.

Ma chambre étant également occupée ce soir par une ancienne professeur de l'association, je ne ferai réellement le tour du propriétaire que le lendemain. Pour le moment, les canapés-mousses du salon feront l'affaire pour Bou et moi. J'aurai bien assez tôt fait de me concocter un petit coin douillet bien à moi.


La première nuit est difficile. Je ne trouve pas le sommeil. Mille questions me viennent en tête. Mon cœur, lui aussi, est ailleurs. A des milliers de kilomètres d'ici. Vers la femme que j'aime et qui est restée poursuivre ces études en France.

Quand finalement je parviens, à bout de forces, à trouver le chemin de Morphée, les imams du quartier me tirent d'une déambulation onirique tant attendue. Ce ne sera que partie remise mais j'ai bien compris le message. Deux mosquées en même temps – on peut en entendre jusqu'à cinq – mêlent leurs chants pour fêter mon arrivée. L'invité est honoré. L'invité est plus encore fatigué.


Huit heures. Je décide de rendre les armes. Je ne dormirais pas vraiment, c'est désormais une certitude. Les calèches et les chèvres qui trônent en bas de la fenêtre finissent de me torturer un instant. Je me lève alors et prends la décision de rejoindre dès aujourd'hui les salles de classe pour accompagner Walâya et Fiona afin de donner un cours d'informatique. En théorie, je ne devrais commencer qu'après le week-end – soit dans cinq jours – mais l'envie et la curiosité sont plus fortes que moi. D'autant plus que je ne m'imagine pas rester passif dans l'appartement toute la matinée, ça ne me ressemble pas.

Après un petit déjeuner rapide fait de thé et de tartines, nous empruntons la longue rue qui longe le saint mausolée de Yoff. Les filles couvrent aussitôt leur pantalon de tissu pour en faire des jupes. La tradition est respectée à la lettre. L'honneur est sauf. Une fois le mausolée dépassé, elles rangent leur tenues éphémères et nous poursuivons notre chemin.

Les Sénégalais sont massés dehors. On a beau nous dire qu'il fait froid, on a l'impression qu'ils vivent tous dans la rue, devant leurs boutiques ou celles de la famille. Nombreuse, cela va sans dire.

La rue est parée de travaux unicolores. L'image qui me semble le plus correspondre à ce qui m'entoure est celle d'un chantier ensablé gauchement. Le gris parpaing est de rigueur et quelques portes bleues viennent désordonner avec élégance cet ensemble monocorde. La couleur n'est donc pas dans les constructions mais bien sur les Hommes. Davantage encore sur les femmes, ce qui n'a rien de surprenant.

Les tissus pastels ou criards dansent sur le sable perdu dans ces rues incomplètes. Des charges lourdes de bonheur ponctuent le sommet de crâne de nombre d'entre elles. Pas besoin de s'entraîner à défiler des heures durant avec un livre sur la tête, le maintien parfait se trouve ici. Ne cherchez plus ailleurs.


Premier cours. Je suis là en observateur. Cinq minutes seulement. Après quoi, on ne peut plus m'arrêter, je ne réponds plus de rien. Un coup d'œil à droite. Un autre à gauche. Je dispense mon aide comme je peux en me disant souvent que la tâche est tellement immense qu'on n'aura jamais le temps de leur apprendre suffisamment durant la période de formation. Certains, en effet, partent de très loin ou n'ont, tout simplement, jamais utilisé d'ordinateurs avant de se porter volontaire pour le programme. Quand les uns vont plus vite, on les envoie au service des plus faibles et tout s'enchaîne dans un esprit de solidarité touchant. Attachant.

Les quatre-vingt-dix minutes de cours passent si rapidement que je n'ai pas le temps de finir une explication avec une étudiante que les autres filent dans mon dos. En un éclair, nous nous retrouvons, Fiona Walâya et moi, seuls dans la salle informatique mise à notre disposition par l'Apecsy. Dans la cour commune, des enfants miment une récréation dans leur tenue verte d'écoliers sages. Les sourires fusent et les rires d'enfants se démultiplient. Comment rester insensible à la joie des plus jeunes ? Cela vous transporte aussitôt, le plus niaisement du monde il faut le reconnaître, dans un monde de simplicité.

De retour dans la rue, on oublie le mythe de la pureté sauce africaine. Il ne suffit pas d'être pauvre pour être heureux ; que cela soit dit dans les sphères occidentales où la bonne conscience se négocient à coup d'aide humanitaire aveugle. Ici, les klaxons démontrent la finesse de l'homme dans toute sa splendeur. Les enjoliveurs, frôlant les jambes trop blanches, imposent un rodéo disgracieux devant des autochtones indifférents.

Il n'est de paradis que spirituel.


Keur Apecsy. Le siège. Je sus reçu par Moussa Gaye, le chargé des relations internationales de l'association. Il narre ses aventures parisiennes sans jamais tarir sa source tandis que j'informe mon entourage de mon arrivée via internet. Mon hôte évoque ses équipées plus ou moins organisées en région parisienne avec des groupes de Sénégalais présents au départ, plus rarement au moment du retour. Il est impossible de l'arrêter et ce n'est qu'en remettant mon sac à l'épaule qu'il comprend que l'heure a sonné pour lui de mettre un terme à son monologue, véritablement riche en informations diverses et absolument non triées.

Retour à l'appartement. Je fais la connaissance de Awa, notre cuisinière, jeune maman de deux enfants. Le sourire fixé aux lèvres toute la journée, elle nous prépare des petits poissons fris aux oignons pendant plusieurs heures. Il faut du temps pour tout ici et il ne faut pas compter avec un repas à heure fixe. Toutefois, la patience a du bon puisque cela permet l'échange, le partage.

Le repas est divin et Awa comblée d'éloges, rougissante devant les compliments. Elle est captivée par une chanson de David Walters qui porte son nom et que je viens de lui faire découvrir, les écouteurs branchés sur ses oreilles. La chanson est en créole et elle n'en pipe mot mais reprend « Awa » en dodelinant de la tête avec enthousiasme.

Après le déjeuner, je suis initié au rituel du thé sénégalais. Awa, Walâya, puis le voisin et petit ami de Roxane, la responsable du projet cette année, viennent tour à tour apporter leur thé à l'édifice. Tantôt amer, tantôt sucré à souhait, nous passons de longues heures autour de nos deux tasses pour toute la collocation, partage et échange oblige, m'explique-t-on quand je propose d'en acheter de nouvelles.

Bou m'explique alors que dans une famille de soixante personnes, on ne trouvera également que deux tasses, justement pour respecter cette idée fondamentale. Oui, cela prend du temps. Oui, plus on est nombreux et plus il faut attendre mais c'est ainsi. Je ne sais pas si l'échange est meilleur dans l'attente ou la dégustation simultanée mais je dois m'habituer à ce nouveau procédé comme à tant d'autres.


Dans l'après-midi, je pars courir sur la plage. Je vois défiler charrettes attelées et pirogues chargées de poisson. C'est le retour de mer pour ces pêcheurs yoffois. La criée s'organise rapidement autour de femmes qui mènent la danse. Au rythme de la course, je les ai bientôt dépassé et les parties de football se multiplient sur mon passage. Le foot est ici une seconde religion. Tous les hommes semblent jouer et occuper leur temps disponible de cette manière. Je remarque rapidement que les maillots de l'équipe phocéenne sont légion sur cette plage. Marseille c'est un peu comme le Sénégal...

Plus loin, j'entends mon premier « shalom ». Partout où je passe dans le monde, les résidents ont pour habitude de me confondre avec un Israélien. Je me souviens alors de cette anecdote qui m'arriva dans le Yunnan. Un Israélien m'interpela en hébreu alors que je m'apprêtais à dévorer une tartine baguette-camembert depuis longtemps désirée. Je lui expliquai que je ne parlais pas hébreu puisque, de fait, je ne suis pas Israélien. Un peu déçu mais pas dérouté pour autant, il me demanda aussitôt en anglais :

    • Mais au moins, tu es juif ?

Non plus ! Mauvaise pioche ! Je ressemblais à je ne sais quel voisin ou petit frère de Tel Aviv. Ou bien était-ce de Jérusalem ? Je ne sais plus. Cette histoire, on me l'a déjà racontée aux quatre coins du globe.

Sur ma plage de Yoff, « shalom » est vite remplacé par des « salam haleikoum » plus de rigueur. Mais aussi par les incontournables « toubab » des enfants qui confondent souvent blancs et riches touristes transformés en distributeur automatique de billets. Ainsi en va-t-il ici. Au moins n'ai-je senti aucune animosité envers moi en ce premier jour.


En rentrant à l'appartement après avoir rencontré avec Roxane un professeur sénégalais, futur intervenant pour la session, je me mets en tête de reprendre mes cours de chinois. Apprendre le chinois au Sénégal pour un Français peut paraître surprenant mais la mondialisation appelle quelques fois certaines aberrations de cette nature, sans doute contre nature, un peu aussi. Je suis bien vite arrêté dans mon élan en apprenant qu'Awa ne sait ni lire, ni écrire, chose encore assez courante au Sénégal, surtout chez les femmes. Ni une, ni deux, je me fais professeur d'alphabétisation. Awa n'est pas réticente, bien au contraire. Elle apprend même très vite. Deux lettres aujourd'hui. Le « A » et le « W ». Des lignes de copiage, des exercices de repérage sur différents supports écrits et la voilà, en trente minutes, qui parvient à lire et écrire son prénom. C'est pour elle, comme pour moi, une grande réussite.

Je conviens toutefois de ne pas dépasser une dose quotidienne homéopathique, de même que de ne pas la contraindre à cet apprentissage si elle ne le souhaite plus. Walâya m'apprendra bientôt que son frère est assez réticent à tout cela. Je me dis que ces efforts seraient peut-être alors mal perçus dans sa famille. Il est vrai que je n'y avais pas songé sous cet angle. Mais la joie sur son visage en disait long sur son envie d'apprendre quand je lui ai proposé au départ. Je me dis finalement que j'ai bien fait. L'avenir m'en apprendra plus.

Avec Walâya, nous partons d'ailleurs chez un de ses oncles, un peu le tailleur des femmes de l'association. Elles ont toutes commandé nombre de robes, pagnes et vestes de couleur. Nous sommes là pour les retouches indispensables. Cette tenue est trop longue et l'on marche dessus. Celle-là n'est pas assez cintrée. Cette nouvelle est à revoir et la fermeture éclair à changer. Le tailleur ne prend pas de notes et mémorise tout. Le travail sera fait, dit-il, pour le lendemain et il le confiera à Awa avant qu'elle ne vienne travailler à l'appartement.

Non loin de là, nous rendons visite à la famille d'Awa. Les enfants reconnaissent Walâya et lui sautent dans les bras à peine sommes nous au coin de la rue. L'accueil est heureux. Il est plus chaleureux encore dans la maison avec quatre générations rassemblées autour de tele novelas brésilienne au doublage ahurissant de non réalisme. Ce n'est pas seulement surjoué, c'est également ridicule tellement ça sonne faux. Je me prends à exploser de rire et on me demande pourquoi cette réaction alors que tout le monde est rivé sur la télé avec un air sérieux, profondément absorbés qu'ils sont par une intrigue niaise à plaisir. Un coup d'œil de temps à autres pour m'assurer que Walâya trouve ça tout aussi absurde et je réalisé, qu'au fond, nos séries françaises ne sont peut-être pas aussi mauvaises que cela, en comparaison du moins.

Devant sa famille, Awa raconte en Wolof qu'elle sait à présent écrire son prénom. Les femmes de la maison, la grand-mère en tête, me sourient automatiquement. Ça passe bien. Son frère ne semble pas plus choqué que cela pour le moment. J'espère qu'elle n'aura pas de problèmes par la suite, en mon absence. Je le saurais bien assez vite.

Quelques portes plus loin, nous rencontrons David, un autre frère d'Awa, et sa femme Aby. Ils regardent un match de Paris en coupe d'Europe. Toujours le saint football. Invités à entrer un instant, Aby propose directement à Walâya qu'elle épouse son mari ! Je ne rêve pas, elle lui propose de partager son mari avec elle. C'est en fait assez classique comme procédé. La polygamie est très répandue ici et si les différentes femmes peuvent être amies entre elles, c'est tout bénéfice. Dans le cas de Walâya, vient s'ajouter à cela l'éducation et l'argent qui accompagne tous les Toubabs de passage. Remarier son mari signifierait alors une entrée d'argent non négligeable. La proposition transpire l'intérêt mais elle me fait rire à cause de l'entrain d'Aby à soumettre l'idée comme si elle était naturelle pour nous autres occidentaux.

C'est avec ses pensées en tête que nous rentrons à l'appartement manger une omelette frite avec des frites... cherchez l'erreur. La soirée se passe en toute quiétude et ma chambre commence à ressembler à quelque chose à présent.

Un peu de musique pour nous détendre. Quelques lignes écrites pour l'esprit. Une douche bien froide pour le corps et je m'apprête à passer une vraie nuit cette fois. Impossible d'envisager autre chose après une journée si chargée. Autant en émotions qu'en rencontres fortes. Je me sens déjà apaisé, sans être pour autant libéré.

Cela prendra du temps. Il en est ainsi, pour toutes choses, au Sénégal.

mercredi 18 février 2009

Premier pas au Sénégal


Et voilà !
 
Je suis en Afrique Noire pour la première fois de ma vie...
 
Arrivé en plein milieu de la nuit, 2h heure locale, avec tout c que ça entraine comme complications à l'arrivée...
 
Mais dans l'ensemble, je suis plutôt à l'aise.
 
J'ai pris mes quartiers assez rapidement, l'appart est bien sympa... mais bon je n'en sais pas vraiment plus.
 
Je suis à présent dans le bureau de l'Apecsy, l'asso qui s'occupe de la culture dans Yoff, la ville où je vais habiter pendant 3 mois.
 
J'ai peur de la coupure alors je prépare un beau message pour vous expliquer tout ça !
 
je vous l'envoe bientôt
 
dès maintenant je vous envoie des bisous en masse
 
William 

Premier pas au Sénégal

Et voilà !
 
Je suis en Afrique Noire pour la première fois de ma vie...
 
Arrivé en plein milieu de la nuit, 2h heure locale, avec tout c que ça entraine comme compl