mercredi 25 février 2009

Le rythme peu à peu

 

Le rythme de la formation commence à prendre le dessus. Passés les premiers jours d'adaptation, je me jette à présent dans la conception et la mise en place des contenus pédagogiques avec les autres professeurs. C'est essentiellement avec Fiona et Walâya que je travaille puisque nous représentons le pôle « français » de l'association.

Je dois admettre que c'est aussi la partie de la formation qui demande le plus de temps puisque les cours d'informatique ne me demandent pour le moment que peu de travail en amont, si ce n'est de produire des textes témoins sur ordinateur la veille des cours. En ce qui concerne le cours de gestion de projets, nous ne sommes pas encore parfaitement avancés et ce n'est qu'au fur et à mesure que les tâches se mettront en place avec les différents groupes. Je m'occupe pour ma part d'un projet concernant l'éducation. Voilà qui est dit, sans pour autant avoir défriché ce que cela engage comme démarches par la suite tant cela reste vague pour tous les étudiants. Notre rôle n'est pas de leur faire le travail mais seulement de les guider, les accompagner dans leurs recherches et la mise en place de leur projet. Nous devons donc nous restreindre à leur vitesse, tout en les poussant vers l'avant quelquefois.

Quant à l'anglais, je devais, en principe, donné mon premier cours jeudi prochain mais il semblerait qu'il soit annulé pour cause de cérémonie d'ouverture de notre session. Cela fait pourtant un mois que cela a commencé, que nos effectifs sont au complet mais peu importe, les autorités locales, et surtout l'Apecsy (Association pour la promotion économique, culturelle et sociale de Yoff) a décidé cette nouvelle tentative. En effet, ce n'est pas la première fois que cela arrive. Les trois premières fois que la cérémonie aurait dû avoir lieu, il y a toujours eu un décès ou une autre raison qui a servi de repoussoir. Notre association aurait même dû rencontrer les autorités religieuses de la ville avant de débuter la session mais cela a été annulé, toujours pour des raisons diverses et variées. Si nous nous étions laissés freiner, nous n'aurions toujours pas commencer notre session et bien que nous ne soyons jamais la cause de ces reports, on nous reproche aujourd'hui d'avoir entamer notre programme avant les cérémonies.

Je rappelle qu'ici un rendez-vous n'est jamais vraiment un rendez-vous, que les heures dites ne sont jamais véritables et qu'on promet beaucoup de choses qui n'arrivent jamais, ou bien trop tard. Ce n'est pas qu'une question de patience, c'est simplement ne autre façon de travailler, une autre mentalité, devrais-je dire, devant le travail. Pour faire un peu d'humour noir, je dirai que nous autres, occidentaux, ne parvenons pas à assimiler l'idée d'attendre un mois que les gens arrêtent de mourir pour commencer , inch'allah, notre mission...


Pour préparer tous ces cours, nous travaillons essentiellement sur ordinateur. Loin de la vie africaine que je pouvais imaginer et loin des briefs d'avant le départ aux réunions de l'association. Tout devait être très dur et demandant une adaptation de tous les instants. On n'aurait pas d'eau, pas d'électricité, presque rien à manger. On nous promettait l'enfer. A présent, je contemple tranquillement notre condition d'expatriés, bien loin des soucis des familles africaines autour de nous. Notre appartement est grand, lumineux et propre. Nous travaillons de la même manière qu'en France dans les phases de préparation de cours. Je fais du basket et du jogging sur la plage tous les jours. J'ai un accès internet assez aisé et gratuit au siège de l'Apecsy. L'enfer...

Certes, l'eau est froide mais elle est courante et potable. Oui, les canalisations et les robinets éclatent fréquemment et notre eau de vaisselle se retrouve dans la douche de Khaba, notre voisin mais celui-ci consent à nous prêter une télévision superflue. Il est vrai que nous avons perdus le goût des choses sucrées et des produits laitiers mais en contrepartie nous disposons d'une cuisinière ! Nous vivons en vérité comme des Français en Afrique. Une vie en version confort grand luxe.

Le seul problème qui nous menaçait tous ici était le survoltage, déjà fatal au portable de Walâya, mais nous pensons l'avoir résolu en nous équipant d'un régulateur de tension électrique. Que demander de plus ? J'ai même désormais un numéro de téléphone sénégalais qui me permet d'être joint ici et surtout d'envoyer des messages quotidien à Johanna en France. Royal.


Après la pause du week-end, Awa est heureuse de reprendre ses cours d'alphabétisation. Elle est toujours aussi douée et motivée que s'en est impressionnant. Elle lit désormais des mots comme « Toubab » qui la font rire dès qu'elle parvient à comprendre ce qu'elle lit. C'est alors un rayon de lumière qu'on peut lire, à notre tour, dans ses yeux. C'est vraiment un sentiment très fort que je ressens à chaque fois qu'elle parviens à assimiler de nouvelles lettres ou de nouvelle syllabes. A ce niveau d'instruction, les efforts se mesurent quotidiennement, de manière quasi palpable. Je continue à lui donner des devoirs tous les soirs et je suis ravi de voir qu'elle ne perd rien des leçons que je lui donne d'un jour sur l'autre.


Nous sommes mardi soir à l'appartement. Je rentre tout juste de chez la famille de Khaba où je suis allé voir le match Lyon-Barcelone en ligue des champions. Notre salon est le lieu d'un débat sur la religion et la drogue, agrémenté à la sauce politique avec écoute d'enregistrement sonore à l'appui, le tout arbitré par deux Sénégalais que je ne connais pas. Je n'ai aucun envie de me mêler à ce genre de conversation. Surtout pas ce soir alors que je viens de recevoir un appel de France qui m'a apaisé comme jamais.

J'écourte ma présence et ma part de dîner comme il convient. Je salue tout le monde et me retire. Je me pose dans mon lit et j'écoute de la musique sous ma moustiquaire avant de sombrer dans un sommeil que j'espère profond.

1 commentaire:

  1. Oui ce numéro de portable est bien utile.. d'avoir entendu quelques seconde ta voix m'a rebousté.
    je pense fort à toi
    bonne continuation, je te suis chaque jour (dans les pensées, le coeur, en lisant tes textes..)
    tu me manques

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