Premier week-end au Sénégal. Direction N'gor, le point le plus à l'ouest de tout le continent africain. Si le lieu n'a pas une beauté extraordinaire, on y vient pour le symbole. Comment aller au quatre coins du monde si l'on ne se rend pas sur ces bouts de terre, ces autres finistères ?
Nous nous baladons avec Walâya, Fiona et Antoine de plages en plages. Nous retrouvons des musiciens venus de Guinée qu'ils ont déjà rencontrés. Nous escaladons des monts de rochers pour le panorama. Nous négocions des passages interdits avec des gardiens conciliants. Nous marchons à travers le port et la ville, débarquons à l'improviste chez des gens quand nous avons oublié de tourner, l'entrée dans les cours ou les jardins étant parfois difficile à appréhender. Nous passons d'un quartier pauvre remplis d'enfants jouant dans les rues à un quartier riche remplis de gardiens surveillant des portes. En l'espace de deux minutes, la ville change du tout au tout, c'est assez impressionnant. Certaines maisons, des villas, sont fascisantes. Style néo-colonial avec des grandes colonnes de marbre et d'immenses fenêtres. Côté face, c'est moins rose. Des gamins remuent des ordures et s'encrassent les poumons dans des ruelles où les canalisations ont sautées et peinent à être rétablies.
A seize heures, nous nous posons au bord de la mer et nous optons pour des grillages de poissons, accompagnées de petites salades et sauce à se damner. Le tout pour cinq-cents francs CFA, soit cinq francs français de l'époque, soit encore moins d'un euro aujourd'hui. Vu la taille des poissons, nous ne nous interrogeons pas un instant et profitons de l'instant. Bien sûr, il faut apprécier le poisson. Difficile de faire autrement ici, de même qu'à Yoff ou nous résidons. La viande se fait rare. Quand nous la voyons, en attente de client dans les échoppes à ciel ouvert, offerte aux bourrasques de sables et aux mouches omniprésentes, nous nous disons que le poisson est finalement le meilleur choix possible.
Les foies de veau sont néanmoins très courant ici et Awa nous en a fait à un repas avec du vermicelle. Sans chercher à penser d'où venait cette viande, je me suis régalé. Il faut parfois savoir qu'il est préférable de ne pas savoir. Précisément.
Dans les ruelles de western, je demande aussi les rapaces. Aigles et vautours sont légion ici. Avec une dextérité folle, ils piquent depuis les airs jusqu'au sable pour attraper de leurs serres un morceau de poisson ou une brindille pour combler leur nid. Des oiseaux bleus et verts viennent se mêler au paysage, illuminant de beauté notre marche à N'Gor.
Ici, les spots de surfs sont courant et les cafés de la plage retrouvent leur lot quotidien d'habitués. Sénégalais et Français pour la majorité. Quelques Belges égarés viennent parfois s'aventurer ici pour partager un verre. On trouve de tout ici. Même ce qui n'est pas sur la carte. Certes ce n'est pas la Thaïlande, on ne propose aucune drogue de façon ouverte, mais La Gazelle se répand de manière officiellement non-officielle. La Gazelle c'est un peu une institution ici. Avec la Flag, ce sont les bières africaines que l'on trouve dans tous les bars, boîtes, clubs du pays. Pas besoin de se cacher pour boire ces bières dans un pays musulman à plus de quatre-vingt-dix pour cent. Je pensais que c'était plus difficile que ça, que ce commerce se faisait presque en sous-main. Pas du tout. Tout le monde ferme les yeux et remplit ses poches.
A la tombée du jour, nous reprenons le chemin de Yoff à bord d'un car, lui aussi officiellement non-officiel. Plus petit qu'un Tata où les tickets sont délivrés au passagers, il est surtout beaucoup plus chargé. On se marche dessus. Mais tout le monde a le sourire. On se passe l'argent des autres passagers par-dessus la tête pour que ça arrive jusqu'aux mains du « contrôleur » resté à l'arrière pour rameuter d'autres personnes.
Soudain, la machine bien huilée s'arrête. Ce n'est pas une panne mais un contrôle de police. On s'arrête sur le bas côté. Le chauffeur nous laisse en plan. Ça ne dure pas longtemps mais c'est le lot quotidien des cars plus ou moins légaux. Vérification des licences ou billet à glisser, je n'ai pas encore vu ce qui se tramait exactement à l'arrière du véhicule mais je tenterai bien de jeter un oeil à l'avenir.
Au Sénégal, les arrêts de bus sont aussi fréquent que le fromage. Autant dire si on ne les voit jamais. Alors, pour moi, c'est « station Shell » qui est devenu le nom de code le plus régulier. On annonce facilement le nom d'une boutique ou d'un carrefour au chauffeur, on tape sur la tôle pour indiquer qu'on veut descendre et Inch'Allah...
Sur le chemin du retour, il est coutume de prendre un fataya car le soir nous ne mangeons que très peu. Il n'est pas usuel de manger beaucoup ici au dîner. Des légumes, une salade, des pâtes ou des restes, voilà qui feront l'affaire. Sauf que j'ai toujours très faim le soir en rentrant, personnellement. Comme nous avons reçu beaucoup de visites ces jours-ci, nos portions déjà petites pour quatre ou cinq deviennent ridicules pour sept ou huit. D'où le recours aux fatayas en permanence et pour deux cent cinquante CFA.
Petite soirée posée. Lecture et écriture après avoir salué une dernière fois la présidente de l'association qui retourne en France, un peu triste de nous quitter mais heureuse de voir que tout se passe bien pour nous. Car nous sommes tous épanouis. Pas de brouillard à signaler sur l'horizon de notre aventure sénégalaise. La Téranga nous prend un à un.
ravie de constater que tout se passe pour le mieux.
RépondreSupprimerje t'embrasse